26/11/2016
en souscription...
Les Mains de Pardon
Toute poésie est un pèlerinage, tout poète est un pèlerin en route vers les lieux sacrés du langage pour nous raconter la face cachée du verbe. Pour cela, le poète doit se conformer à des rites, à des gestes qu’avant lui d’autres pèlerins ont accompli des milliers de fois, mais sans quoi lui resteraient fermées les portes de la beauté, lui resteraient inaudibles les notes de la musique ancestrale des mots, sans quoi il resterait prisonnier du bavardage incessant de l’argent et du pouvoir.
Les Mains de Pardon réunit dans un emboîtage commun trois petits recueils, celui qui lui donne son titre, Compromission douce avec les pentes et Dan ou les figures de l’eau. Le titre s’inspire d’un rituel qu’accomplit le pèlerin de Compostelle arrivé à la cathédrale de Saint-Jacques.
Werner Lambersy a écrit ces recueils de poèmes en 1985. Initialement ils ont fait partie d’un emboîtage qui en comportait six sous le titre Géographies et Mobiliers. Les petits livres ici réunis ont traversé le temps dans un grenier, attendant patiemment leur résurrection dans un écrin nouveau, une manière de leur témoigner le respect que mérite leur âge. Ils nous racontent une paix de l’âme que si peu attendent encore aujourd’hui.
Géographies & Mobiliers
Werner Lambersy a écrit ces deux recueils de poèmes en 1985. Pour le poète c’est une période charnière dans son œuvre et dans sa vie. Ses lecteurs avaient encore en mémoire le couronnement par le Prix Triennal de Poésie de son magistral « Maîtres et Maisons de Thé » et la lecture-spectacle de ce livre dans le cadre d’Europalia Belgique au Palais des Beaux-Arts de Bruxelles en 1981. Aujourd’hui, 30 ans plus tard, on sait que ces deux petits recueils préparaient un autre livre majeur dans son œuvre, déjà en chantier en 85, mais qui sortira de presse dans une version définitive qu’en 1992, « Architecture Nuit ».
« Géographies & Mobiliers » s’éveille au poète dans un monde qui semblait alors immuable et autorisait, dixit Lambersy, à regarder le paysage à l’intérieur de soi. La guerre du Vietnam n’est plus qu’un souvenir, Mao est mort depuis 10 ans, la bande des 4 a été arrêtée et Deng veille sur la pérennité du communisme chinois. Gorbatchev arrive au pouvoir en URSS, mais rien ne laisse présager la fin du rideau de fer. Le bien et le mal se confondent comme un balancement ivre entre les mots.
Il est étrange, quand on laisse vieillir ainsi des poèmes, à l’instar d’un grand vin dans une cave – bien que pour la poésie, les greniers sont plus appropriés – de retrouver l’arôme d’une époque, alors que les vers n’en soufflent mot. Les recueils étaient là, ils attendaient patiemment d’être décantés dans un écrin nouveau.
Ne(z)us Editions sprl
Bruxelles
09:26 Publié dans A paraître | Lien permanent | Commentaires (0)
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