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06/12/2013

opsimath fragment II

vincarré+cendresrecadrée.jpg
collage  jlmi  2013


Il dort dans sa bouteille

De mauvais vin

Et dans la rue

 

Qui est la bouteille vide

Du ciel

 

Comme chez le poisson

Sa voix

Est enfermée en-dedans

 

La satisfaction

Née de l’abîme repousse

 

La cendre mal

Eteinte du poème perdu

 

 

24/11/2013

lettre à un vieux poète (inédit)

neuroneétoile.jpg
                                                                                                                                       collage  jlmi 2013


cette lettre est un brouillon initial


     Tant de beautés n’ont rien pu, sauf de rester là, impuissantes, comme on veille un enfant perdu dans un rêve mauvais ou qu’on chante debout devant les portes closes d’une ville.
     Alors chante l’univers, porteur d’étoiles comme autant d’îles sur l’océan sans rivage de l’espace sombre, le nuage parfumé et piquant sur la peau de l’agrume rose de chaque aurore, et l’homme, dans l’épopée de son espèce, dont la voix, jusqu’ci est restée sans réponse, sans échos, même contre le mur admirable de la matière et les temps désertiques de l’âme.
     Le dira-t-on un jour le chant impossible ?, et qui ? parmi les enfants de nos faillites, pour le reprendre, même sans espérance ni consolation, mais seulement l’esprit de liberté, ou faudra-t-il attendre d’être morts, nous aussi, pour l’écouter enfin dans la célébration du vivant. Ce chant de tous, ce chant de tout ce que l’on tait, et au-delà de quoi personne n’a pu aller, le dira-t-on, même si l’on sait qu’on n’arrivera pas au bout, mais que le bout déjà est d’être dit ?
     La chemise mouillée de la mort colle à la peau, à la poitrine et aux épaules ; elle pèse et fait mal ; et je tremble, et je pleure , et j’ai peur, comme un chien qu’on appelle pour le battre, un cheval qui sent où le sang a coulé dans les rigoles et la poussière quand il pleut et qu’elle ne peut pas danser dans l’air ; comme un ver se tortille sur un désert de pierres, il est dur et difficile d’ôter   les hautes bottes des ténèbres, et long de déplacer  l’étroite bande molletière des pensées, pour marcher, pieds nus et libre, dans les premières vagues océaniques et stimulantes d e l’âme, et partager   l’épisode venteux venu de loin habiter dans les arbres, où font escale la lune, le soleil et beaucoup d’oiseaux migrateurs.
    Alors chante le monde, donneur d’images et de sons aux neurones dans la profonde nuit crânienne ; aux pixels comme aux ondes dans les royaumes fantomatiques des écrans et des antennes ; mensonges non voulus par la mémoire qui flânent, fanent et s’effacent parmi les songes sans couleurs, et qu’on brûle, avec les fanes du crépuscule, à chaque automne précipité de la lumière en bordure des jardins où sont posés les   ?  éparpillés de la musique des astres. Les portes closes de la ville sont tes paupières et ta pensée ; le mauvais rêve, celui de tes peurs et de l’angoisse qui te poursuit d’ignorer tout des chemins de ta venue et tout de ton exode d’exilé sans retour ; car s’il y a des chemins, ils se sont perdus ; et s’il n’y en a pas, comment et où aller, pour quoi faire si ce n’est de suivre ce monde où jamais rien ne reste immobile ni à soi. Chercher un sens est affaire de jeunes. Les vieux savent qu’il n’y en a pas, à part de cultiver le goût de la louange de ce qu’il y a et que le vide ne nous a pas encore pris.

    Chante la ville sans nom, qui désormais coiffe la terre de béton, de fer et de verre, et dont au pied des tours on ne voit plus le cercle d’horizon, ni au sommet le dôme à l’orbe sans obstacles d’un ciel inhabité, ou la nuit la voûte constellée sous un voile de lumières électriques et de mauvaises haleines ; chante la ville où sont parqués les peuples, et chante l’espace interdit où, comme le fut aux poissons la sortie des eaux amères, les matières de l’âme prendront possession des territoires sauvages et inconnus du beau, et feront cause commune avec le songe dont ils furent chassés par l’appât du factice, le mâle et la femelle de l’ordinaire mal.

    Chante, bien que le poème ne puisse pas grand-chose contre la férocité, la haine naturelles, l’indifférence de l’innombrable, la lâcheté des dieux et des hommes, quand on massacre et laisse mourir des enfants ; à peine l’art et le poème peuvent-ils se montrer où personne ne les attend, où ne demeure plus rien d’autre et où, sans doute, leur rencontre s’avère le dernier sursaut, l’ultime sursis, lorsque la simple jouissance du mystère n’a plus sa place parmi les solitudes fraternelles ; et je regarde avec horreur le travail de la fourmi, des termites et du ver dont la voracité ne laisse que des os, dont se repaît aussitôt la tombe creuse des écrits qu’habillait de bois rares, de velours, de glands tissés, de dentelles et d’armes brodées  le catafalque de nos corps. La bergerie laineuse des caresses, sa transhumance dans le bruit des sabots sur la route pierreuse, la manade encocardée des désirs en chemin vers l’arène, le troupeau des pensées à la libre crinière, les mufles humides du songe ruminant et le sexe encorné du plus noir des taureaux, même la meute de loups aux dents de lune n’y feront rien. Nous marchons  sur des morts oubliés, nous broutons l’herbe jaunie des aïeux, la repousse, sous nos pieds, de l’herbe tendre vient de nos pères et mères qui déjà jettent aux vents nos semences saisonnières. Nul besoin de rappeler que le moteur et l’énergie sont nos bâtons de pèlerins, les moulins à vent, des moulins à lumière et la besace des galaxies, le chapelet décrypté du génome. Aussi, du lymphe salé de la mer qui encorsette encore nos muscles, du placenta et du plancton laissés loin derrière  la houle du ventre et du phlegme brumeux de l’aube, fille de la nuit aux aréoles géantes et du matin à la verge abondante d’étalon, je te salue, poème !

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00:49 Publié dans inédits | Lien permanent | Commentaires (1)

16/11/2013

opsimath fragment I

wlsepia.jpg
                                                                                                                         collage   jlmi   2013
 

 

La plus haute

Marche d’un mot

N’est jamais la dernière

 

Mais

Celle où commence

La première de l’escalier

 

A vis où

Monter sans voir devant

 

Ceux qui portent

Les premières pierres du

Poème 

 

Et la poussière

Dont s’entoure le silence

 

La plus haute

Marche d’un mot

Est un pas solitaire vers

 

Ce qui n’a

Sommet ni début

Et seulement la musique

 

06/11/2013

l'assèchement du Zuiderzee ( fragment IV )

zuiderzeeextrait 4 2sepia.jpg
                                                                                                                            collage jlmi   2013   
 
 

Il y a trois sortes

De poètes

 

Ceux qui parlent

Aux mots

 

Ceux à qui

Les mots parlent

 

Et ceux qui sont

Les mots

 

Il y a trois sortes

De poèmes

 

Ceux qui portent

Les mots

Ceux que le mot

Porte

 

Et ceux dont les

Mots sont des

Portes